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Très bon article a propos de la Ligue 1, souvent critiqué! Lisez plutôt

"La Ligue 1, on l'aime ou on la quitte", c'est l'accroche  inévitable d'un article publié dans Le Monde ce mardi, qui traite de la fuite des pieds, comme on a pu parler ailleurs de la fuite des cerveaux. Si les observateurs déclarent, unanimes, que la saison de Ligue 1 ne marquera pas l'histoire du football, rares sont ceux qui insistent sur ce phénomène. Cet article donne les arguments statistiques pour étayer la thèse du "déclassement" du football français et dévoile un diagnostic troublant : il perd ses joueurs !

Une grosse dizaine d'années après les transferts des joueurs les plus marquants de leur génération (Zinédine Zidane, Thierry Henry etc.),  la France est devenue réputée pour sa capacité à fournir des jeunes espoirs aux grands et riches championnats étrangers. Le problème est le suivant : il n'y a pas de compensation: "Le championnat de France, qui n'attirait déjà plus, depuis longtemps, les stars du football mondial, peine désormais à faire venir des joueurs plus modestes", souligne Stéphane Mandard, l'auteur de l'article.

Moins de joueurs, moins d’argent

"A l'heure de la crise, le marché des transferts de la Ligue 1 est resté actif au plan national mais a subi une sévère correction au niveau international", a admis la Ligue. Financièrement, cela pourrait être intéressant : "les clubs ont dépensé six fois moins" cette saison que la saison précédente (21, 7 millions d'euros contre 129.4 millions) nous dit Mandard. Mais à regarder de plus près ce n'est pas le cas : "La prestation des Bleus au Mondial a un peu plus dévalué la valeur marchande des joueurs du championnat de France" (11 sur 23 évoluer en France à l'époque) : "Pour avoir largement surévalué les recettes provenant de leurs ventes, les clubs français ont clôturé la saison 2009/2010 sur un déficit record de 180 millions d'euros" !

Plus inquiétant pour la pérennité de la compétition, le directeur de l'Observatoire des footballeurs, Raffaele Poli, confirme que "le manque d'attractivité est un handicap pour les clubs français". Les débats du moment tournent souvent autour des statistiques déprimantes de la Ligue 1. On se souvient des moqueries des Guignols, et la blague est devenue galvaudée, un peu facile. Quand les consultants et autres experts se mettent eux aussi à avancer des statistiques, c'est que la crise s'aggrave...

Moins de spectacle, moins de spectateurs

Christophe Dugarry, chez Les Spécialistes lundi dernier sur Canal+Sport, s'est ainsi appliqué à compter les dribbles pendant OL-Lens (autant qu'à critiquer ouvertement la qualité ou la rémunération de certains joueurs, notamment à Bordeaux). Plus précis, Cherif Gemmour de Lundi Foot, comptait sur son blog (Tac au tacle) les spectateurs dans les tribunes : "L’affluence dans les stades français est en baisse alarmante (AJA : - 26 %, PSG : - 20 %, Bordeaux : - 15, 8 %, Sochaux : - 22, 6 % !). Idem pour les audiences TV, déclinantes. La faute à Knysna et à la vétusté des stades ? Oui. Mais aussi et surtout à cause du spectacle trop chiche offert aux spectateurs !"

L'article du Monde va donc un peu plus loin dans la modélisation statistique du "déclassement" français en donnant le tableau des départs et arrivées dans le monde. "En 2010, les clubs professionnels - de Ligue 1 et Ligue 2 - ont vu le départ à l'étranger de 149 joueurs et n'en ont attiré que 79". Soit un solde migratoire déficitaire de 70 joueurs.

Seule l'Angleterre fait aussi mal (69 joueurs perdus, avec 206 départs), mais avec des finances plus dynamiques et surtout des stars échangées entre clubs, qui ne quittent pas le pays. Le championnat italien connaît lui aussi une déperdition notable (155 départs, 108 arrivées, soit - 47 joueurs), cependant, comme en Angleterre, les stars du pays restent. On apprend par ailleurs, grâce à un article du blog Plat du pied sécurité que les mouvements de joueurs sont rarement exponentielles : “Les trajectoires transnationales sont plus souvent descendantes que montantes. Par exemple, de nombreux Brésiliens qui émigrent d’abord vers le Portugal sont incapables de rejoindre ensuite de meilleurs championnats et finissent par jouer pour des clubs chypriotes ou arméniens.” Ce qui explique que Chypre domine le classement mondial actuel avec 81 joueurs de plus (181 arrivées, 100 départs).


L'équation à résoudre par la Ligue française sera donc dans les années à venir, de redevenir attractif en baissant les masses salariales (et nous ne parlons pas ici, vous l'avez remarqué, du football amateur et de ses licenciés). Bon courage.

Julien CARRASCO