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Avec Bully, Rockstar retourne en enfance
Enfant terrible et cynique, Jimmy Hopkins, l’anti-héros de Bully, est abandonné par sa mère et son beau-père dans un pensionnat où règne un simulacre d’autorité. D’abord disponible aux joueurs de la Playstation 2, sous le titre de Canis Canem edit, le dernier titre de Rockstar, sort sur Xbox 360 et Wii. Mais peut-il s’émanciper de l’hégémonie de Grand Theft Auto, ou n’est-il finalement que sa version adolescente ?

Créé par la division de Vancouver, le jeu s’inscrit évidemment dans la logique éditoriale de Rockstar, qui s’applique à confronter son gameplay caractéristique, à des univers baroques et décalés. Bully reprend ainsi à son compte une mécanique de jeu que la division nord de Rockstar a largement contribué à démocratiser. Pour la décrire, on évoque souvent la technique du ” bac à sable “, permettant au joueur d’évoluer librement dans un vaste monde, au gré de quêtes annexes. Mais on oublie souvent qu’un titre tel que GTA est extrêmement scénarisé, avec un savant système de chapitrage.


Une autre qualité des titres du studio, est la grande variété des personnages, qui libère ces créations de fiction de simples entités utilitaires pour l’intrigue. Foisonnant de détails, la psychologie des personnages secondaires justifie que l’on s’attarde dans le jeu. Dans Bully, les dimensions narrative et descriptive sont bien exploitées, faisant littéralement du titre un petit frère de GTA.

L’environnement fermé de l’établissement scolaire est propice aux quêtes annexes. Mais Bully n’est pas qu’un huis clos burlesque ou un “teenage videogame”. En progressant dans la quête le monde s’ouvre peu à peu à la ville voisine ou à la fête foraine, nouveau souffle pour l’aventure.
Comme GTA, Bully est un ” jeu plateforme ” qui aggrège les différents genres vidéoludiques. La formation scolaire du jeune Hopkins sert ainsi de prétexte à des mini jeux de rythme ou d’adresse. Le dernier titre de Rockstar exploite également des aspects sociaux en germe dans GTA San Andreas. Parodie des Sims, Bully retranscrit avec humour les artifices des relations adolescentes.

En dépit des qualités du titre, la date de sortie semble toutefois assez hasardeuse, deux mois à peine avant celle annoncée de GTA 4 , sur les consoles de la nouvelle génération. Mais ces deux créations pourraient finalement être complémentaires, et alimenter la schizophrénie fondamentale de Rockstar. D’un côté, Bully parachève l’héritage des précédents opus, alors que Niko Bellic, l’anti-héros de GTA 4, plus sombre, va explorer de nouveaux horizons.